critique de film

Après un excellent film documentaire Soleil d'or sur la destruction de la mémoire cinématographique cambodgienne par les Khmers rouges, sort en salles le premier film de fiction du réalisateur Davy Chou, primé à la Semaine de la Critique 2016. Diamond island nous montre la vie de jeunes cambodgiens, issus de la campagne, qui viennent travailler dans le bâtiment dans la capitale où on construit, dans le style pseudo occidental, des complexes immobiliers impressionnants. Difficile, avec ce ptich, de ne pas penser aux Garçons de Fengkuei, film de jeunesse de Hou Hsiao-Hsien (1983) que l'on a pu voir à Paris cet été. Le maître chinois est évidemment une référence pour le réalisateur cambodgien qui filme la ville et surtout la construction pseudo paradisiaque sur cette île avec de longs et lents mouvements de caméra, retrouvant là son art de documentariste. Son projet est vraiment très intéressant quand il montre le quotidien de son petit, groupe qui subit les règles du bâtiment et ne rencontre pas l'eldorado espéré, groupe qui se réfugie dans le karaoké et les balades nocturnes. L'extrême stylisation du film, la chromatique violente contrastent avec la lenteur pour filmer le travail sur le chantier et c'est très réussi. Malgré tout, on est un peu déçu, peut-être parce que le film s'intéresse trop aux amours adolescentes de ces protagonistes et à des personnages fantômes fantasmés, s'écartant alors de son vrai sujet.