critique de film

C'est donc Sieranevada qui va ouvrir le bal des sorties des "mastodontes" du festival de Cannes 2016, sorties qui vont durer jusqu'à la fin de l'année. Le film n'était pas au palmarès, ce sera aussi le cas pour tous les autres "must" de la sélection officielle. On attendait forcément beaucoup du nouveau film du réalisateur de l'excellent La mort de Dante Lazarescu et on n'a pas été déçu. En 2h53, Puiu, à travers le microcosme d'une famille qui se réunit pour évoquer la mort du père quarante jours plus tôt, dresse le tableau de la Roumanie contemporaine. Pour cela, il ne sortira quasiment jamais de l'appartement de la veuve (sauf pour une poignante séquence dans une voiture vers la fin) et retarde l'arrivée du pope, empêchant ainsi tous les convives de se mettre à table. Résultat: on se déplace beaucoup, on fume, on parle, on se déchire et on évoque toutes ses inquiétudes et ses idéaux déçus en ouvrante et fermant les différentes portes. Société machiste, vieux réflexes de l'ère Ceausescu, violence urbaine quotidienne, poids de la religion et des rituels. Tout est passé à la moulinette. Ce qui fascine dans ce film, c'est le dispositif formel choisi par le réalisateur. Il plante essentiellement sa caméra dans le couloir de l'appartement et via des plans séquences étourdissants, il offre un ballet hallucinant autour de ce repas qu'on ne partagera jamais. Cette chorégraphie cinématographique virtuose dans laquelle tous les acteurs se sont fondus est d'une pertinence absolue et permet à Cristi Puiu de tout dire avec très peu de dialogues. Du cinéma, rien d'autre que ce Sieranevada qui aurait dû obtenir le prix de la mise en scène. A voir absolument!