critique de film

En mai dernier, les festivaliers, qui sortaient de la projection de Lost river, dans la sélection officielle Un Certain Regard, étaient unanimes: un film risible dont la présence à Cannes était due à son réalisateur, coverboy, indispensable sur la croisette. Presqu'un an plus tard, ce film a eu une vie bien chaotique. Sorti uniquement en VOD aux Etats-Unis, c'est dire, il a subi, nous dit-on, un remontage complet pour sa sortie en France, sortie pour laquelle le distributeur met à contribution Gosling, espérant profiter de l'hystérie que provoque chacune de ses apparitions, même s'il n'est que réalisateur sur ce film. Alors, alors! Tout commence sur un fond social, dans une ville sinistrée par la crise des subprimes où une famille monoparentale (la mère courage - le fils débrouillard et le tout petit ... quelle originalité!) résiste et ne veut pas quitter son quartier. A partir de là, le réalisateur va les confronter à toute une galerie de personnages, tous plus improbables les uns que les autres et cela dans des décors empruntés à toute une histoire du cinéma américain où Lynch et Jarmusch ne sont pas loin. Seulement voilà, le scénario est d'une bêtise sans nom et toute tentative de mise en scène est un véritable fiasco. Ryan Gosling est submergé, se fait déborder, par toutes les références cinématographiques dont il charge son film (il va jusqu'à ressusciter Barbara Steele, célèbre pour ses films fantastiques des années soixante, notamment ceux de Roger Corman) et finalement, n'ayant pas le talent d'un cinéaste de film expérimental comme Gaspard Noë, il finit par exaspérer le spectateur qui n'a qu'une envie, c'est que la famille, évidemment consolidée, échappe à ce quartier et qu'on en finisse. Reste une très belle photographie, bien inutile puisqu'elle ne sert aucun discours. Si deuxième film il y a, le beau gosse du cinéma indépendant américain devra avant tout se choisir un scénariste et se libérer de l'emprise de ses maîtres. Only lovers left alive...